Les chiffres du baromètre Ipsos-SPF publié en septembre 2018, montrent que plus d’un tiers des Français-es a été confronté au cours de l’année 2018 aux privations multiples. Quelle place occupent les loisirs et vacances pour les familles qui ont du mal à joindre les deux bouts?
Le sondage révèle que beaucoup de Français vivent mal et sont obligés de se priver. Ils ne sont pas seulement complètement sans ressource.
Ils peuvent être dans la précarité, avec des revenus en dessous de 1 200 euros par mois pour une personne seule. Comme on ne peut pas vivre correctement avec ce revenu, qu’il n’y a pas assez d’argent pour faire face aux dépenses contraintes cela amène à des privations.
Évidemment, les privations concernent les loisirs, les sorties, la culture. Les vacances sont les premières sacrifiées.

La campagne « Vacances » figure parmi les cinq campagnes annuelles d’actions de solidarité du Secours populaire. Qu’est ce qui fait que pour le SPF, les vacances ne sont pas un luxe ?
Les vacances, sont un droit pour tous, inscrit dans la loi de 1998 contre les exclusions. Mais ce n’est pas un message évident à faire passer.
Les vacances apportent un bien être mental et physique. Elles permettent de se ressourcer, de reprendre des forces, regagner de la dignité, se projeter dans quelque chose. Quand les gens partent en famille, cela recrée des liens, cela permet de se dire qu’on est comme tout le monde, de reprendre confiance en soi. Au niveau santé aussi cela joue un rôle parce qu’on mange peut-être un peu différemment, on marche, on peut se donner du temps pour soi. Les vacances sont un facteur de bien être très important. Et au retour, les enfants peuvent les raconter et ainsi sortir d’un nouveau facteur d’exclusion.
Les vacances, c’est comme la culture, quand on revient, on est plus fort pour affronter les difficultés.
On parle souvent des vacances d’été, mais le Secours Populaire travaille pour que les personnes puissent aussi partir à d’autres moments de l’année, comme tout le monde.

Quelle forme prennent les actions du SPF dans le cadre des campagnes « vacances »?
Les personnes ne viennent pas au Secours Populaire pour dire qu’elles sont en difficulté et ne peuvent plus partir en vacances. C’est pourquoi le réseau des bénévoles qui habitent dans les quartiers est très important.
Ils font savoir qu’il existe des possibilités d’aides et les gens viennent les voir en leur disant « j’ai un voisin qui m’a dit que cela fait deux ans qu’ils ne peuvent plus partir » ou « il a perdu son travail…, il est en longue maladie… », ces éléments qui plongent les gens dans la précarité.
Une fois repérées, on travaille beaucoup sur la manière d’impliquer les personnes dans leur projet de vacances. Parfois en effet, des personnes qui ne sont pas parties
depuis longtemps ou qui ne sont jamais parties, nécessitent d’être bien accompagnées sur le projet de vacances, longtemps à l’avance.
Certaines ne savent pas quoi mettre dans la valise, ont peur d’être à un endroit sans savoir comment se débrouiller…
Nos propositions sont variées: partenariats avec des organismes de vacances, colonies de vacances pour des enfants, séjours en familles, familles de vacances, séjours à l’étranger notamment pour les jeunes, séjours de deux ou trois jours pour des personnes sans-abri, sans oublier les personnes migrantes, réfugiées et auxquelles partir quelque part en vacances fait du bien. Et puis il y a ces journées exceptionnelles, les journées des « oubliés des vacances » pour ceux qui après le 15 août ne sont toujours pas partis.
Il est important de comprendre que nous sommes vraiment dans une démarche de solidarité qui s’adresse à tous ceux qui à un moment donné ont besoin d’un coup de pouce. On remarque aussi que les personnes qui sont parties dans le cadre de nos projets s’engagent dans le milieu associatif.
Enfin, il est évident que quand les personnes sont parties elles ont envie de repartir. Elles ont eu accès à un droit et ont envie de l’exercer à nouveau.