Que nous a déjà appris la mission Rosetta sur les comètes ?
Rosetta-Philae nous a montré que les comètes réservent des surprises et que les mesures faites depuis la Terre par des télescopes sont idéalement complétées par ce type de mission, nous donnant « la vérité du terrain ». Un des exemples les plus frappant est la différence entre la forme de la comète dérivée a partir de la lumière solaire réfléchie par la comète vue depuis la terre, et la forme réelle observée depuis Rosetta à partir du mois d’aout dernier. Alors qu’ on s’attendait a un corps plus ou moins homogène, la comète semble être composée de deux parties distinctes, séparées par un profond ‘canyon’, et présente de nombreuses variations de type de terrain sur sa surface. Des plaines très lisses, recouvertes d’une cendre extrêmement poreuse de poussière, alternent avec des éboulis, des effondrements de terrains, ainsi que des falaises très raides. Ces variations de terrains doivent maintenant êtres comprises dans le contexte d’un corps avec une gravite extrêmement faible. Une activité fondamentale permise maintenant grâce aux données de Rosetta consiste a comprendre comment la morphologie de la comète a évolué sous l’action des évaporations de sa surface à chaque passage près du soleil et quelle partie de la morphologie au contraire est directement une conséquence de la formation de la comète lors de la formation du système solaire.
Rosetta a collecté directement des grains de poussière de comète, dont la composition chimique est en cours d’analyse.
Le gas émis par la comète (résultant de la sublimation des glaces, intactes depuis la formation du système solaire, lorsque la comète s’approche du soleil), sont analysés avec une précision jamais atteinte.
L’ atterrissage de Philae, nous a permis de « toucher » pour la première fois la surface d’ une comète, a trois endroits différents, d’avoir des images du sol à haute résolution, montrant une variété de terrain inattendue, avec de façon surprenante des parties « dures », dont la formation et l’existence reste inexpliquée pour l’instant sur un corps dont la densité globale est très faible (plus faible que la glace d’eau), révélant une extreme porosité à grande échelle. L’analyse de la composition interne est en cours grâce à des données radar qui ont traversé la comète de part en part lors des opérations liées a l’atterrissage de Philae.
Quelles sont les prochaines étapes de la mission ?
La mission scientifique nominale de l’orbiter Rosetta a commencé juste après l’atterrissage de Philae. Rosetta va accompagner la comète, en restant a proximité, lors de son périple autours du soleil, qui va l’amener au point le plus proche (la « périhélie » ) en Août prochain. Rosetta restera autour de la comète a mesurer l’évolution de l activité avec l’augmentation puis la diminution du flux solaire jusque’à au moins décembre 2015, lorsque la comète s’éloignera à nouveau du soleil.
Dans les semaines qui viennent, nous allons rester en orbite quasi circulaire a environ 20 km de la surface, avant de faire un premier « plongeon » à 8 km. D’autres trajectoires spécialement conçues pour les expériences scientifiques suivront, alternant des passages à environ 70 km sous différentes conditions d’ illumination, alternés par des passages sous les 20 km.
D’autres missions d’ampleur similaire sont-elles en cours ou programmées ?
Le choix des missions par l’ ESA suit les souhaits de la communauté scientifique européenne, après analyse des critères de faisabilité. Dans le domaine de l’ exploration du Système Solaire, un autre projet extrêmement ambitieux a été etudié ces deux dernières années et est maintenant programme. Il s’ agit de « Juice », une mission conçue pour explorer les lunes de glace de Jupiter en particulier sur le plan de l’astrobiologie. Cette mission va rejoindre le système Jovien, et se mettre en orbite autour de Ganymede, une des plus grosses lunes du système solaire, recouverte de glace et très probablement contenant un océan d’eau liquide sous la croute glacée.