Quel est le contexte aujourd’hui pour la construction européenne?
Sortir de l’Europe ne fait pas un tabac, mais l’Europe telle qu’elle est ne fait pas rêver. Il y a pourtant beaucoup de raisons de penser que le moment a rarement été si favorable pour une intégration européenne, plus écologique et plus solidaire.
Trump malgré lui est le meilleur allié de cette construction quand il remet en cause l’OTAN et pousse à la construction d’une défense européenne, ou quand il pousse les Allemands à changer de politique économique pour pouvoir continuer à exporter des voitures.
Poutine et Ben Salmane, prince héritier d’Arabie Saoudite, poussent l’UE à accélérer la transition énergétique pour qu’elle cesse d’être aussi dépendante de leur gaz et de leur pétrole. L’euroscepticisme des pays d’Europe centrale fait que l’Allemagne, qui reste très attachée à l’UE, n’a d’autres choix que de se tourner vers la France pour relancer l’Europe. La sortie du Royaume Uni, qui ne pensait que « marché », ouvre la possibilité d’une intégration plus sociale. L’Italie enfin, va obliger à se reposer la question de la gestion de la zone euro ; parce qu’on ne peut la maltraiter comme on l’a fait avec la Grèce.
Quid d’une Europe sociale ?
Le social est né dans le cadre des États nations. Il y a tellement de différences entre eux, qu’imaginer une harmonisation sociale européenne est impossible avant longtemps.
L’enjeu est plutôt que le fonctionnement économique de l’UE cesse d’être antisocial. Ce qui implique en particulier une harmonisation de la fiscalité des revenus des plus riches et des bénéfices des entreprises. La question des paradis fiscaux est en réalité facile à régler si les dirigeants des grands États le veulent. Sur la transition énergétique comme sur le numérique, les temps sont enfin mûrs pour des politiques européennes ambitieuses.
Quelles institutions pour une Europe plus démocratique ?
Depuis 2008 de nouvelles institutions ont été créées, de façon très insatisfaisante sur le plan démocratique, parce que purement intergouvernementales, sans transparence ni contrôle parlementaire.
Je partage l’idée de la nécessité de créer un « parlement de la zone euro » à partir des parlements nationaux, pour ancrer davantage le débat européen au sein de l’espace national et relégitimer la construction européenne.