S’il n’est pas question de revenir aujourd’hui sur le CSA ministériel du 17 janvier dernier, nous continuons de répéter que les conditions d’apprentissage et les conditions de travail des agent·es publics se sont fortement dégradées ces dernières années, et qu’il est urgent que les orientations changent. Il en va de la survie du service public. Par ailleurs, les débats au Sénat samedi dernier montrent que rien n’est gagné et que l’annulation des 4000 suppressions d’emplois ne figurent toujours pas dans le projet de loi de finances. L’amendement surprise d’un coup de rabot de 52 millions d’euros sur le budget de l’Éducation nationale est inconséquent. L’École est à sa première place, « la première » selon le premier ministre. Cela ne saurait être que des paroles.
D’autres sujets sont également source de préoccupation pour l’ensemble des personnels : revalorisation salariale, attractivité du métier, formation initiale, réforme des retraites…
S’il y a nécessité de revenir sur les deux jours de carence supplémentaires, il en reste une qui est inacceptable. Les agent·es du service public avaient fortement exprimé leur opposition aux mesures Kasbarian le 5 décembre dernier dans la rue, maintenir la mesure d’indemnisation à 90% du congé maladie reste une provocation pour la profession. Il est nécessaire d’abandonner cette mesure injuste qui va à rebours du renforcement de l’attractivité et de la fidélisation des personnels.
Les chantiers prévus à l’agenda social sur les questions de déroulement de carrière et de formation initiale pour les enseignant·es et CPE par exemple ne sauront suffire à renforcer l’attractivité du métier et la fidélisation. Par ailleurs, plusieurs chantiers sont ouverts sous réserve des arbitrages budgétaires, pour certains corps cela risque de se réduire à néant malgré des difficultés réelles à pourvoir les postes existants. Des mesures indiciaires loin des politiques indemnitaires doivent être envisagées pour l’ensemble des agent·es public de l’éducation nationale.
La FSU réitère sa demande d’ouverture d’une discussion prévue par l’agenda social 2025 concernant une requalification de la filière ITRF du ministère, dont les personnels de laboratoire – notamment – contribuent au quotidien à l’enseignement des sciences et à la mise en œuvre des examens et concours dans nos établissements scolaires.
Beaucoup de rapports montrent que la faiblesse des salaires est un des facteurs de désaffection de nos métiers. La FSU condamne à nouveau l’absence de mesures générales d’augmentation des rémunérations dans l’Éducation nationale dans un contexte d’inflation encore soutenu. Si le gouvernement et les ministères concernés avaient une réelle ambition pour la fonction publique et les services publics, les choix budgétaires seraient tout autres. L’Etat pourrait d’ores et déjà récupérer le budget du SNU dont le dernier rapport de l’INJEP, par exemple, révèle une désaffection, ou encore récupérer les sommes du pacte ou de l’uniforme pour une revalorisation de toutes et tous. Il est urgent d’ouvrir sans délai des négociations pour améliorer les carrières et prendre des mesures générales pour les salaires, notamment en revalorisant le point d’indice, dans un contexte d’effondrement du niveau des rémunérations des agent·es publics.
Concernant le dialogue social sur l’attractivité des métiers, la FSU met en garde sur les erreurs du passé. Le rythme engagé sur certains sujets risque d’être intenable, même si le nouveau calendrier est légèrement desserré. Même si la FSU souhaite que certains chantiers avancent, elle souhaite surtout des débats sereins, sans pression, et que des documents sérieux qui établissent des bilans et des projections soient fournis en amont des différents groupes de travail, comme il a été demandé à plusieurs reprises l’année dernière. Les personnels élu·es ont besoin de pouvoir bien faire leur travail, et pour cela la transparence est un incontournable. Une nouvelle fois, avec la multiplicité des sujets que le ministère souhaite engager sur un temps contraint, le dialogue social risque de devenir caduc. La FSU rappelle que la qualité du dialogue social peut se mesurer certes à la qualité de l’écoute mais surtout à la prise en compte de la parole des organisations syndicales représentatives qui connaissent le terrain. Lorsque celles-ci demandent des bilans des précédentes réformes, des projections et études d’impacts sur les réformes à venir, ce n’est pas avec l’objectif de faire travailler les personnels de l’administration centrale mais bien pour pouvoir porter une analyse fine de la situation.
Pour la FSU, la question du déroulement de carrière est une question centrale pour les agent·es mais elle devrait être envisagée avec une reconstruction complète de la grille comprenant un ajout de points conséquents par échelon. La question du RDV de carrière doit être considérée comme un temps de formation et non d’évaluation au service d’une promotion. La FSU continue de réaffirmer aussi que la question de la transparence est un élément essentiel à la confiance entre les agent·es publics et l’administration, confiance rompue par la loi de transformation de la fonction publique. Par ailleurs, l’embauche de nombreux·ses contractuel·les, permise par cette loi, a des conséquences négatives sur la mobilité des personnels, pourtant facteur d’attractivité. La concurrence entre les personnels ne va pas dans le sens d’une amélioration du fonctionnement du service public d’éducation. Pour la FSU il est nécessaire de recruter plus dans les concours partout où cela est possible, et d’envisager un plan de titularisation. Le nombre de postes est la première condition pour favoriser la mobilité, envisager une refonte du mouvement à l’horizon 2026 avec une plus grande place accordée aux postes à profil comme l’a annoncé la ministre au sénat relève d’une méconnaissance des bilans des LDG mobilité réalisés par la DGRH ou alors d’une volonté de destruction de la fonction publique.
Sur la formation initiale, la FSU alerte à nouveau sur les multiples écueils vécus l’an passé. Le modèle présenté en 2024 avec un concours à BAC+3 utilisait les lauréat·es comme moyens d’enseignement en les mettant en responsabilité et réduisait fortement le temps de formation. La FSU est prête à discuter de la formation initiale car il existe aujourd’hui plusieurs écueils, mais les étudiant·es ont surtout besoin de formation théorique et didactique pour répondre aux besoins des élèves et non de fiches de bonnes pratiques !
La loi de transformation de la fonction publique a dégradé fortement la qualité du dialogue social, et oblige par exemple à la production d’un agenda social et des lignes stratégiques de gestion, qui sont deux points que nous aborderons au CSA MEN de ce jour. La FSU n’est convaincue ni par l’un ni par l’autre : hypocrisie du vocabulaire employé au regard de la situation sur le terrain, hypocrisie du vocabulaire employé au regard des décisions prises comme sur l’égalité femmes/hommes ou bien encore destruction progressive du statut de la fonction publique, cela ne fait que confirmer les méfaits de la loi TFP.
Nous étudions un décret qui vise à préciser les contours des missions exercées par les AESH sur la pause méridienne, ceci désorganise surtout le temps de travail des AESH. Maintenir des emplois précaires voilà comment fonctionne aujourd’hui l’éducation nationale. Les annonces faites par Mme la ministre lors du précédent CSA sur le déploiement des PAS n’est pas sans nous inquiéter alors même qu’aucune concertation n’a eu lieu avec les organisations syndicales toujours exclues du comité national pour l’école inclusive. Une fois de plus on préfère multiplier les dispositifs plutôt que de réfléchir réellement aux besoins des équipes.
Pour la FSU de nombreux manques persistent pour ces personnels et elle revendique : la création d’un corps de fonctionnaire de catégorie B dans la Fonction publique d’État, l’abandon des PIAL, des PAS et de la politique de mutualisation des moyens, une augmentation significative des rémunérations sur toute la carrière ; la reconnaissance d’un temps complet sur la base d’un accompagnement élève de 24 heures, sans ajouter de nouvelles missions sur le temps périscolaire.
Enfin, à l’heure où le premier ministre ne cesse de clamer son attachement au dialogue avec les partenaires sociaux, la FSU dénonce son exclusion des discussions sur la réforme des retraites. Un choix scandaleux visant à éloigner une des principales forces syndicales de la Fonction publique, qui a été le moteur de la mobilisation dans son secteur en 2023. F. Bayrou aurait-il peur de la démocratie sociale ? Sans être dupes des discussions cadrées par la seule expertise prétendument incontestable de la Cour des comptes, véritable manière de verrouiller d’emblée la question des financements, cette mise à l’écart n’est pas un bon signal. Nos professions n’ont pas besoin de nouvelles provocations, mais bien de respect, de considération et de revalorisation.