L’été 2018 a, une fois de plus, été riche en annonces. Le premier ministre et le ministre de l’Éducation nationale ont ainsi indiqué, dans une interview au journal Ouest-France, les éléments qu’ils comptent reprendre ou pas du rapport CAP 2022. Même s’il s’en défend, c’est bien un nouveau projet éducatif que dessinent les mesures prônées par JM. Blanquer.

Conditionnement des salaires aux résultats des établissements
Comme d’habitude, l’éducation prioritaire sert de terrain d’expérimentation. Une partie de la « prime [REP+] pourrait favoriser les objectifs fixés en équipe ». Cette fois-ci, il s’agit de moduler les salaires selon les résultats des établissements, donnant ainsi aux hiérarchies les moyens financiers de faire pression sur les personnels et sur leurs pratiques pour leur imposer des « bonnes méthodes ». Ces méthodes de management font corps avec une autre proposition du rapport voulant « responsabiliser les chefs d’établissement » en leur donnant la main pour constituer leur équipe pédagogique. C’est oublier un peu rapidement que ces méthodes ont déjà fait la preuve de leur inefficacité (dispositif ECLAIR, contrats d’objectifs…) et que les personnels les rejettent massivement car elles ne correspondent pas à leur professionnalité et les brident dans leur capacité à travailler collectivement.

Fusion des académies
Pour tenter de faire passer la pilule de la fusion des académies (voir article) qui risque de conduire à une détérioration de la gestion des personnels des écoles et des établissements du second degré ainsi que des conditions de travail des personnels administratifs par fusion des services académiques, le ministre tente de vendre une gestion RH de proximité. La vérité se trouve pourtant ailleurs (« Lancée d’abord dans une logique expérimentale, notamment en Normandie et dans l’académie de Toulouse, cette procédure, sous pilotage des recteurs et des Dasen, doit permettre d’humaniser la GRH. Menée à l’échelle de plusieurs établissements, elle doit offrir par exemple une vision de la carrière des professeurs, en les recevant régulièrement. Elle permet une gestion de proximité en englobant plusieurs établissements, s’appuyant ainsi sur une masse critique » – interview de JM Blanquer et F. Vidal – dépêche AEF du 20/07/2018). C’est donc d’une gestion individualisée dont nous parle le ministre, gestion qui fait fi des garanties collectives et s’accommode parfaitement de l’objectif de vider de leur contenu les compétences des CAP.

Pré-recrutements
Personne ne sera dupe des pseudos pré-recrutement qu’entend faire le ministre en transformant les AED en personnels corvéables à merci dans les établissements. D’abord employés pour aider les professeurs puis pour les suppléer, c’est un apprentissage du métier sur le tas et à bas coût que veut proposer le ministre. Pour la FSU, prérecruter signifie financer les études de futurs professeurs, en contrepartie d’un engagement de leur part à servir l’État pendant une période. C’est d’un tel plan couplé avec un plan de programmation pluriannuel de recrutements en nombre suffisant dont l’Éducation a besoin pour faire face aux défis démographique et éducatif qu’elle vit aujourd’hui.