Quelle est la portée politique de la reconnaissance par la France de l’assassinat d’Ali Boumendjel?

C’est un acte politique important, après celui concernant Maurice Audin en 2018, mathématicien, membre du PC, enlevé et assassiné en 1957. Quelques semaines avant, était enlevé et assassiné Ali Boumendjel, responsable du FLN, avocat, défenseur des droits de l’Homme, ami de Fehat Abbas, un autre grand dirigeant, qui deviendra Président du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) en 1958. Ali Boumendjel revenait d’une réunion organisée par le Mouvement de la Paix. Son assassinat avait soulevé une vague d’indignation en France à l’époque. Son professeur de Droit, René Capitant avait démissionné de toutes ses fonctions d’enseignant en signe de protestation. La reconnaissance, soixante ans après cet assassinat met en lumière le système de répression, de torture, et de liquidation extra-judiciaire qui existait pendant la guerre d’Algérie, et tout particulièrement pendant la « Bataille d’Alger ». Il est à mon sens important que ce soit les petits-enfants d’Ali Boumendjel, qui sont trentenaires et vivent en France, qui se soient retrouvés à l’Élysée pour entendre les propos du Président de la République sur la reconnaissance officielle de cet assassinat.

Le Hirak fait-il du rapprochement des mémoires officielles algériennes et françaises sur la Guerre d’Algérie un enjeu?

À ma connaissance, le « Hirak » se situe essentiellement dans le sens d’une réappropriation d’une histoire nationale, longtemps confisquée par les pouvoirs en place. Dans cette bataille mémorielle, les enjeux de réconciliation n’apparaissent pas aussi clairement qu’en France.

Interview issue de la revue POUR n°231, avril 2021; à lire ici!