Monsieur le ministre,

Monsieur le président,

Mesdames et Messieurs les membres du CSE,

Monsieur le ministre, cette déclaration vous était réservée mais force est de constater que vous avez décidé de ne pas être présent au premier conseil supérieur de l’éducation de votre mandature… Comment comprendre cette absence ? Est-ce pour mettre en valeur la décision du président Emmanuel Macron de réintroduire très maladroitement les mathématiques en première qui vous a poussé à  réserver votre venue au CSE du 20 juin ? Cette décision n’est pas anodine, elle n’est pas non plus de nature à nous rassurer sur  le rôle que vous voulez faire jouer à ce conseil. Pour la FSU, celui-ci ne doit pas être une chambre d’enregistrement de décisions prises unilatéralement, et encore moins une caisse de résonance ou un outil de communication permettant de mettre en avant des orientations éducatives décidées sans réciprocité. Nous rappelons pour notre part l’importance que nous lui accordons à la fois comme lieu d’échange et de débat mais aussi comme instance de consultation qui doit pouvoir peser sur les choix de votre ministère.

Si lors de la première rencontre avec la FSU, vous vous êtes posé en rupture des méthodes de Jean-Michel Blanquer, les annonces récentes du président Macron sur la généralisation de l’expérimentation de Marseille à l’automne sans aucun bilan, est encore un exemple de la continuité des politiques menées depuis maintenant 5 ans et contredit dans les faits, le changement de méthodes annoncé par le président de la République. A quoi serviraient de  « grandes concertations » si en fait, tout est déjà décidé d’avance. Les personnels ont besoin d’être entendus et reconnus dans leur professionnalité. Ils ne veulent plus se voir imposer les choses par le haut. Si l’on veut réellement améliorer le système éducatif français, il faut le faire avec les personnels et non contre eux. Nous attendons que sur le fond comme sur la forme les choses changent réellement.

Concernant la fin de l’année scolaire et l’organisation de la session 2022 des examens, la FSU constate un accroissement sans précédent des tâches liées au passage des nouvelles modalités d’examens dans la voie générale, technologique et professionnelle. Ces modifications n’ont pas toujours été anticipées et provoquent encore aujourd’hui des dysfonctionnements dans les EPLE.

La FSU réclame du temps et des financements pour assurer toutes les missions liées aux examens. Elle rappelle que, contrairement, par exemple, à ce qui est mis en œuvre pour le « grand oral », aucune rémunération ne semble prévue pour les oraux de chefs d’œuvre passés dans les établissements habilités, alors que ces oraux engendrent une charge de travail supplémentaire. Plus que jamais, il sera nécessaire de revenir à une organisation du bac, comme de l’ensemble des diplômes, fondée sur des épreuves nationales et terminales clairement définies et ancrées dans l’évaluation des apprentissages scolaires.

Si la crise sanitaire peut sembler derrière nous, en réalité ses stigmates sont encore bien présents. Les candidates et candidats qui passeront leurs examens ont subi de plein fouet  cette crise depuis 3 ans. Pourtant en dehors des quelques aménagements pour la voie générale rien n’a été envisagé pour les candidat-es au CAP et au baccalauréat professionnel. Seule certitude, les ministères refusent de prendre en compte les risques que cela représente en termes de résultats aux examens. La FSU demande toujours un moratoire sur la nouvelle épreuve dite de contrôle du baccalauréat professionnel, qui a été très peu annoncée et rarement préparée sur le terrain.

La FSU affirme son exigence d’abandon de tout projet de transfert des personnels et des jeunes de lycées professionnels au ministère du Travail. Le ministre doit s’exprimer rapidement pour clarifier ses intentions quant au maintien dans l’éducation nationale de cette voie du lycée. Elle revendique une formation professionnelle initiale et continue qualifiante et diplômante ambitieuse, prenant en compte l’urgence sociale que représente la sécurisation des parcours scolaire et professionnel de la jeunesse. L’apprentissage, brandi comme une solution magique pour lutter contre le chômage des jeunes, conjugué au calibrage des formations non qualifiantes sur les secteurs d’activité en pénurie d’emploi révèle une vision politique court-termiste et dangereuse pour l’avenir de la société et pour les jeunes, qui va à l’encontre de leur émancipation. Le devenir de celles et ceux qui, aujourd’hui, bénéficient des dispositifs de formation et d’accompagnement à l’emploi issus des plans de relance reste très incertain. Le risque d’un rebond massif du chômage est réel quand les entreprises ne seront plus sous perfusion d’argent public.

La FSU combattra les projets concernant la voie professionnelle, notamment la volonté d’imposer à tout crin l’apprentissage dans les lycées par l’usage du mixage des publics et des parcours, par exemple, ou bien, le doublement des semaines de PFMP en terminale qui réduiront d’autant le temps disciplinaire. Elle continuera à défendre les diplômes et à demander le développement des filières de l’éducation nationale. Elle portera haut et fort son mandat de scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, et son projet de démocratisation du système éducatif qui passe par le renforcement des 3 voies du lycée, dont l’enseignement professionnel public et laïque.

La FSU alerte depuis plusieurs mois sur les nombreuses conséquences de la crise sanitaire. Concernant la jeunesse, tous les signaux sont au rouge : mal-être exponentiel des élèves, décrochage scolaire toujours plus important, précarisation grandissante des familles, multiplication des situations de protection de l’enfance… Les élèves vont mal, la réussite scolaire de toutes et de tous se trouve encore plus illusoire dans ces conditions. Il est urgent de donner enfin les moyens pour que l’école joue pleinement son rôle social. Les besoins sont immenses tant en termes pédagogiques que d’accompagnement et de suivi des élèves par des équipes pluriprofessionnelles complètes. Pour les AESH, la FSU rappelle aussi son exigence d’un véritable statut et d’un salaire décent. En attendant la création de ce  véritable statut, ils et elles doivent être recruté-es à temps complet et les PIAL doivent être abandonnés.

Face à l’actuelle crise de recrutement, la question des salaires est urgente. Pour la FSU, il faut une revalorisation conséquente et sans contreparties de l’ensemble des personnels. Les derniers résultats des concours de recrutement montrent que la rentrée est loin d’être assurée, il faut dès maintenant des mesures de type : concours exceptionnel ou recours aux listes complémentaires. Pour la FSU, l’attractivité du métier d’enseignant-e passe notamment par l’amélioration des conditions d’études et d’entrée dans le métier. Cela demande du temps, des moyens humains et financiers. Cela demande aussi de penser ces métiers de manière ambitieuse et exclure toute année de stage à temps complet devant les élèves.

Monsieur le ministre, vous l’aurez compris, pour la FSU, face à un état d’urgence dans l’Éducation nationale, tant pour les élèves que pour les personnels, il est indispensable de prendre rapidement des mesures à la hauteur des enjeux. Cela passe, dès à présent, par la mise en œuvre d’un collectif budgétaire en vue de la rentrée 2022.