Denis Lacorne est directeur de recherche au centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po. Son prochain ouvrage, Les Frontières de la tolérance, paraîtra en octobre chez Gallimard.


Trump s’impose chez les Républicains malgré les réticences de son parti. Comment l’expliquer ?
Trump est impressionnant parce que, donné perdant, il a réussi à éliminer 16 adversaires. Mais il ne faut pas oublier que les primaires ne sont pas représentatives de l’électorat américain et que n’y participent que 20 à 30% des adhérents des partis. Trump a réussi à s’imposer auprès des plus extrémistes, sur un programme raciste, xénophobe et misogyne. Mais malgré ses difficultés avec l’establishment du parti il sera très certainement désigné comme candidat par la Convention républicaine.

Côté Démocrate, comment analysez-vous le phénomène Sanders ?

Héritier du mouvement Occupy Wall Street, Sanders a mis l’accent sur ce qui ne va pas dans l’économie américaine et les inégalités qui se sont creusées, malgré la reprise. Sanders a proposé des réformes fondamentales : augmenter le salaire minimum et les impôts, mais aussi relancer l’économie par des dépenses d’infrastructure. Il est très populaire chez les jeunes diplômés parce qu’il défend les droits civils, les minorités ethniques et la baisse des inscriptions à l’université. Mais c’est Hillary Clinton qui a remporté les primaires…

Vous pensez que les étatsuniens sont prêts à élire une femme présidente ?

On dit qu’Hillary Clinton va être portée au pouvoir par le vote des femmes. Pas seulement. Elle est la représentante des minorités ethniques : les hispaniques, les afro-américains, les asiatiques… qui représentent un potentiel électoral énorme. Et si son programme est moins transformateur que celui de Sanders elle va en reprendre certains éléments. Et surtout, elle n’est pas xénophobe. Elle représente l’Amérique de la diversité.