23 000 personnes décédées en Méditerranée depuis 2014. Comment arrêter cette hécatombe ? 
La solution réside dans des décisions européennes. Il doit y avoir une solidarité des autres États européens envers Malte et l’Italie qui sont les pays de première arrivée. Il faut reconsidérer l’aide donnée aux garde-côtes libyens qui n’assurent pas le travail de coordination. Les États doivent mettre en place un système de débarquement pérenne, coordonné et prévisible et une flotte de sauvetage européenne doit être déployée en Méditerranée centrale.
La pandémie a-t-elle aggravé la situation ?
La pandémie a eu un impact dès le printemps 2020. Nous avons dû nous adapter, mettre en place des protocoles très stricts, des quarantaines avant embarquement. Les autorités italiennes imposent également des quarantaines lors du débarquement. Ces mesures ont de fait réduit le temps passé en mer et donc les sauvetages.
Vous avez déclaré: « On nous empêche de sauver des vies ». Pourquoi ?
Sauver des vies est un devoir moral et légal. SOS Méditerranée existe parce qu’il y a une défaillance des États. Toute action qui bloque ou retarde les navires qui assurent les opérations de sauvetages en mer a des conséquences dramatiques. Il y a eu des harcèlements administratifs avec des contrôles fréquents et pointilleux des navires des ONG et des tentatives de criminalisation des actions des ONG. De février 2016 à fin décembre 2021, SOS MÉDITERRANÉE a secouru 34 631 personnes avec l’Aquarius puis l’Ocean Viking dont un quart de mineurs. Il y a urgence à repartir en mer le plus vite possible afin de sauver des vies.
Interview issue de la revue POUR n°238, février 2022; à lire ici!