Le cirque est-il le parent pauvre des arts vivants ?
Comment continuer à faire avancer les politiques publiques en faveur du cirque et comment résister à ce qu’on voudrait nous imposer, c’est-à-dire inventer de nouveaux modèles sans argent ? Nous avons été un peu entendus l’an dernier par la ministre Audrey Azoulay, avec un supplément de 650000 euros en direction des compagnies nationales et des pôles cirque. Néanmoins nous sommes très loin du compte.

Les efforts des pouvoirs publics se sont portés vers l’enseignement du cirque ?
Oui. Le secteur a reçu beaucoup d’argent investi dans la formation professionnelle, c’est bien. Le Lido de Toulouse se prépare à délivrer, comme l’académie Fratellini et l’école de Châlons, le diplôme national supérieur professionnel d’artiste de cirque, d’ici un an ou deux. Mais on ne peut pas former des jeunes, leur donner envie, quand beaucoup en restent aux écoles préparatoires en deux ou trois ans sans pouvoir entrer dans les écoles supérieures. Ils ne sont pas préparés. Il n’y a pas de raison que le cirque ne soit pas comme les autres arts et ne se calque pas sur les autres modèles de politique publique du spectacle vivant subventionné.

Malgré cela, y a-t-il un cirque français ?
Une des difcultés du cirque aujourd’hui n’est pas tant sa profusion de projets que l’identication de ses projets. Au théâtre, les auteurs, classiques ou contemporains, sont repérés.
Dans le cirque, c’est plus compliqué. La façon de contourner cela, c’est d’arriver à ce que le public soit curieux et qu’on ne cherche pas toujours à communiquer autour du sensationnel ou d’un nom. Le cirque contemporain a peut-être aujourd’hui trois ou quatre artistes repérés du grand public. Tant pis ! On ne va pas chercher à faire reconnaître tous les noms. Le cirque, c’est un art qui surprend, pour lequel les spectateurs doivent rester curieux, prendre le risque d’être clivés. Le public le sait. Ce serait bien que les salles aillent dans ce sens. Elles ont tendance à choisir un cirque étranger formaté, qui aura la presse avec lui, plutôt qu’un cirque français inconnu. C’est dommage