Comment l’UNEF apprécie-t-elle la situation de la jeunesse étudiante à la veille de la rentrée ?

Les étudiant–es paient aujourd’hui au prix fort la crise sanitaire et économique mais aussi la politique menée par le gouvernement. Les situations de difficultés s’accumulent et ne sont pas prises en charge par la puissance publique : ainsi de la précarité étudiante qui explose littéralement, avec une augmentation du coût de la vie étudiante que nous évaluons cette année à 3,69 % ce qui est très supérieur aux précédentes années. Cela s’explique notamment par l’augmentation des loyers (69 % du budget étudiant en moyenne), et surtout ceux des petites surfaces qui grimpent plus vite que la moyenne des loyers. S’y ajoutent des dépenses nouvelles comme les masques désormais obligatoires dans le supérieur mais non pris en charge par l’État, avec un coût de 230 euros par an, ce qui est beaucoup pour un–e étudiant–e. Par ailleurs, le nombre de jeunes sans inscription à l’issue de Parcours sup, plus de 90 000, augmente fortement en raison de choix gouvernementaux : sélection, et non création de places dans les universités. Le sort du service public de l’enseignement supérieur commence à ressembler à celui de la santé…

Quelles réponses apporter aux difficultés rencontrées ?

L’UNEF exige, au-delà des annonces gouvernementales, un véritable plan d’urgence pour les jeunes, comprenant une réforme structurelle des bourses qui permette d’augmenter le nombre de boursier- es, une aide d’urgence, et la gratuité des masques. Nous demandons aussi l’encadrement des loyers, gratuité des transports publics pour les étudiant-es. Cela n’a rien d’utopique : la ville de Paris a remis en place l’encadrement des loyers, d’où une augmentation de 1,24 % contre 2,5 % en moyenne en France. Bien sûr cela reste insuffisant, d’autant que Paris reste la ville la plus chère du pays et que les transports y sont très coûteux, mais cela va dans le bon sens. Libération vient de publier notre classement des villes en fonction du coût de la vie étudiante localement : celui-ci varie beaucoup en fonction des pratiques des municipalités. Ces mesures sont d’autant plus efficaces qu’elles s’inscrivent dans le temps et la durée.

La jeunesse française participe à de nombreuses mobilisations et luttes, sociales, politiques environnementales, écologiques… quelle est ton analyse sur ce sujet ?

L’UNEF refuse l’idée paternaliste d’une jeunesse qui, jusqu’à présent insouciante et égoïste, viendrait soudainement de se réveiller. Il s’agit davantage de mutations des formes d’engagement que d’une augmentation pure et simple des mobilisations avec une montée de la prise de conscience des jeunes sur les enjeux écologiques, l’antiracisme, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, les violences exercées par des forces de police… On sent une vraie inquiétude pour l’avenir, liée au contexte économique anxiogène, ainsi qu’aux perspectives d’une entrée plus difficile dans l’emploi salarié ces prochaines années.

Interview issue de la revue POUR n°226, septembre2020; à lire ici!