Quels changements sur les façons de consommer des Français?

Depuis deux-trois ans, on observe une prise de conscience écologique de plus en plus partagée qui conduit 30 % des consommateurs aisés, vivant à la campagne, plutôt dans la force de l’âge, âgé de plus de 50 ans, à développer la simplicité volontaire. Ce concept se définit par le choix d’achats réfléchis, l’évitement du gaspillage, le choix des circuits courts ou du fait maison. Mais la Covid a fragmenté encore plus la population. Le comportement de simplicité volontaire n’est pas partagé par tous même si la Covid a accentué la prise de conscience qu’il était possible de consommer moins sans pour autant être moins heureux. D’autres consommateurs ont envie de consommer qu’ils soient jeunes et avec moins de moyens, d’acheter en comparant les prix du fait de difficultés économiques. On a assisté à une frénésie d’achats compulsifs au sortir du confinement. On peut noter aussi un recul des achats bio. Les consommateurs engagés qui sont prêts à payer plus cher sont moins nombreux en 2020 qu’en 2019.


Comment voyez-vous l’avenir?

L’acte de consommation sera plus contrôlé et moins influencé par les communications incitant à posséder plus d’objets. La saturation est omniprésente pour tous ceux qui sont favorisés et qui ont un certain âge. Le développement des achats de seconde main, de réparation, du troc, la revente d’objets ou encore la location est de plus en plus fort ces derniers mois et il s’accentue avec la baisse de pouvoir d’achat. Le choix d’aller vers des produits plus vertueux que ce soit sur les implications pour la santé pour soi, la santé de la planète ou la santé animale sera mis à mal par les tensions budgétaires dans les classes moyennes, mais les gestes tournés vers les acteurs de son territoire se développeront dans les régions les plus avancées sur la consommation durable. La recherche du prix bas s’accentuera car elle est intrinsèque à la consommation des jeunes générations. Mais elle n’est pas incompatible avec une démarche plus économe.

Quid du e-commerce?

La révolution la plus importante de notre époque est la digitalisation de tous les métiers qui s’est développée trois fois plus vite avec la Covid. Elle conduit à une diffusion très rapide du télétravail et donc à un déplacement des lieux d’achats et bien sûr à une hausse phénoménale du e-commerce. Avant la Covid le taux d’utilisateurs du e-commerce stagnait autour de 60 % depuis 3 ans, et en 6 mois on est passé à 70 % des Français qui utilisent Internet pour faire leurs achats. Les modifications les plus importantes concernent avant tout la façon d’acheter au bénéfice des commerçants de proximité et des plateformes internet.

Interview issue de la revue POUR n°229, décembre 2020; à lire ici!