Pourquoi un colloque de l’Institut de recherches de la FSU sur l’avenir du syndicalisme?
Nous traversons une période complexe et paradoxale pour le mouvement syndical parce que la dégradation des conditions de travail, le manque de moyens pour les services publics, la multiplication des confits hiérarchiques, la déception face à des promesses de revalorisation non tenues, tout laisserait croire à un contexte porteur de mobilisations. Or, il n’en est rien. Il faut donc que nous réussissions à comprendre pourquoi.
Et si c’était que le temps du syndicalisme était tout simplement révolu?
C’est le libéralisme qui proclame cela en annonçant, comme le fait Yann Algan, un monde de confiance où les luttes sociales ne seraient plus nécessaires puisque tout le monde agirait de concert pour le bien-être et la croissance. Mais qui pourrait être dupe de la réalité d’une telle vision d’avenir? Nous voyons bien, au contraire, les effets concrets du libéralisme sur la croissance des inégalités, sur la détérioration des conditions de travail et de rémunération.
Mais est-ce que le syndicalisme ne s’est pas figé dans des pratiques?
Sans doute peut-on dénoncer ici ou là quelque rigidité mais il serait injuste d’en conclure au fixisme des organisations syndicales. Sur bien des plans (emploi et environnement, égalité femmes-hommes, ouverture à de nouveaux champs de syndicalisation, prise en compte de discriminations spécifiques, …), elles ont au contraire fait la preuve d’une capacité à engager des transformations voire des ruptures. Tout cela doit être analysé dans une interaction continue entre pensée et action, entre recherche et militantisme et ce colloque a voulu y contribuer.
Interview issue de la revue POUR n°233, juin 2021; à lire ici!