Comment voyez-vous la situation sociale actuelle ?
Nous avons connu de nombreuses mobilisations depuis fin novembre. C’est nouveau ; notamment sur les questions de salaire. Les travailleurs considèrent qu’ils doivent être rémunérés à hauteur de leur qualification. À chaque fois que l’appel est unitaire et large, la mobilisation est forte. Cela s’est vu dans l’Éducation le 13 janvier. Malgré une pression forte, notamment sanitaire et sur les libertés, les mobilisations mises bout à bout ont été d’une très grande ampleur. On a réussi à imposer des thèmes sociaux dans la campagne : salaires, emploi, pouvoir d’achat, précarité… C’est la force d’un mouvement social qui, non seulement, n’est pas en perte de vitesse mais qui démontre son utilité.
Comment analysez-vous les différents mouvements sociaux qui ont jalonné la période ?
Avant le confinement, la mobilisation contre la réforme des retraites a été conséquente et a permis de freiner le processus. Ce qui est singulier et intéressant dans la période, c’est que nous arrivons à mobiliser pour et pas seulement contre. Nous portons des idées communes et nous ouvrons des perspectives. De nombreux secteurs se mobilisent de manière inédite, Chez Leroy Merlin, il n’y avait jamais eu de grève, par exemple. De l’argent, il y en a, pourtant : 237 milliards d’augmentation pour les revenus des milliardaires, ce n’est pas rien. Le scandale ORPEA dit suffisamment cette réalité.
Quels sont les enjeux aujourd’hui pour le syndicalisme ?
Je crois beaucoup à l’interprofessionnelle et à la mobilisation dans les territoires où s’entretiennent les solidarités. À la SAM (sous-traitante de Renault) dans l’Aveyron se réunissent toutes les semaines entre 3000 et 8 000 personnes dans une ville qui fait 5 400 habitants, cela démontre qu’on sait se ranger derrière des objectifs communs : sauver une classe, une école, la Poste, les emplois à la mairie, la maternité… On doit réfléchir ensemble à ce type de mobilisations. Je pense qu’on a fait le tour sur l’unitaire. Il faut penser le coup d’après, réfléchir à une recomposition syndicale en France.
Interview issue de la revue POUR n°238, février 2022; à lire ici!