De nombreux programmes scolaires sont aujourd’hui l’objet de polémiques
publiques et de contestations fortes notamment parmi les enseignants chargés
de les mettre en oeuvre.

Cette situation est le fruit d’une politique éducative brutale qui ne laisse aucune
place au dialogue et au débat. Elle résulte d’une conception des réformes
du système éducatif qui ignore la discussion démocratique sur ce qu’il faudrait
enseigner, comment et pourquoi on l’enseigne, et qui, dans le second degré,
pour des raisons budgétaires et idéologiques, part des structures.

Il faut en finir avec l’écriture de programmes scolaires, confisquée par quelques
« experts » ou responsables, sans réelle concertation avec les professionnels
de l’enseignement et de la recherche. Il faut sortir de cette méthode qui impose
des choix éducatifs contestés à l’ensemble du système éducatif, et qui conduit
à publier des textes ignorant jusqu’aux avis du conseil supérieur de l’éducation,
sans même tenir compte d’amendements votés très majoritairement.

Il appartient, certes, à la représentation nationale de fixer les finalités et missions
de l’école, lieu de formation de tous les futurs citoyens. Mais les programmes
scolaires, vecteurs de ces objectifs, structurent l’enseignement. Ils doivent être
mobilisateurs pour les élèves, cohérents entre eux, conçus en complémentarité
pour créer du sens et « faire culture ».

C’est pourquoi les enseignants doivent être associés à leur construction,
avoir les moyens de se les approprier afin de pouvoir, dans le cadre de leur
professionnalité, en faire des outils puissants et efficaces au service des élèves.
Comment imaginer que ce qui sera enseigné ne soit l’objet d’aucun débat sérieux,
d’aucune consultation réelle, d’aucune interrogation avec les personnels
sur leur faisabilité effective, d’aucune articulation avec les conditions matérielles
de leur mise en oeuvre ?

Les organisations signataires lancent un appel pour une autre méthode
de construction et d’écriture des programmes scolaires qui soit démocratique,
transparente, plus respectueuse de « l’expertise » enseignante, et plus conforme
aux intérêts des élèves. Inscrite dans un temps suffisamment long pour permettre
un bilan de l’existant et une large consultation des enseignants, ouverte à la
pluralité des regards et des approches (pédagogiques, disciplinaires, didactiques,
sociologiques et politiques…), elle doit prévoir la confrontation, le suivi de la mise
en oeuvre et la vérification régulière de la pertinence des programmes enseignés
avec, en particulier, les personnels et l’ensemble des organisations syndicales.

Elles demandent au ministre de l’Éducation nationale d’ouvrir dès maintenant
le chantier de cette rénovation, d’en établir un calendrier qui inclura la remise
à plat urgente des programmes les plus contestés ou considérés comme infaisables
par les enseignants.

Les premiers signataires

  • Des syndicats de personnels de l’éducation : SNES, SNEP, SNUEP, SNUipp, FSU, SIES-FAEN, SNCL-FAEN
  • Des associations et des collectifs de spécialistes : ACIREPH, AEAT, AFEF, Aggiornemento Hist-Géo, APBG, APEG,APHG, APLV, APSES, APV, CEDREPS, CNARELA, FADBEN, PAGESTEC, UPBM, UdPPC
  • Des associations pédagogiques : CRAP, GFEN