Alors que se profile la rentrée universitaire, l’UNEF a évalué à 2% la hausse des dépenses de rentrée des étudiants. William Martinet, son président, répond à nos questions.
L’enquête de l’UNEF évalue à 2 % la hausse des dépenses de rentrée des étudiants. Comment l’expliquez-vous ?
Le calcul de notre enquête est réalisé sur la hausse du coût de la vie, c’est à dire les dépenses rapportées aux aides versées aux étudiants. Le poste du logement qui représente 55 % des dépenses des étudiants augmente fortement. Le loyer des petites surfaces a pris de 2 à 3 % selon les secteurs et les charges locatives plus de 10 %. De l’autre côté, on a une responsabilité du gouvernement qui décide d’augmenter les charges obligatoires comme les frais d’inscription, de restauration, de sécurité sociale et dans le même temps ne revalorise les bourses qu’à hauteur de 0,7 % alors que l’inflation est de 2 %.
Quelles conséquences sur la situation des étudiants ?
La première est que c’est de plus en plus difficile de financer les études. Le budget moyen d’un étudiant qui doit se loger est de 799 € par mois ce qui est inaccessible pour la plupart des familles. Comme le système de bourses est indigent et ne concerne que 25 % des étudiants, ceux-ci sont de plus en plus nombreux à travailler. Cela concernait déjà la moitié d’entre eux mais de 2006 à 2014, le pourcentage de salariés à temps plein est passé de 18 à 30 %. Un étudiant qui ne peut pas aller à tous les cours, qui a moins de temps pour réviser, est forcément un étudiant qui réussit moins bien.
Comment faire évoluer la situation ?
Il y a deux leviers. Le premier c’est la construction de logements étudiants en cité universitaire. On ne peut pas se satisfaire d’y loger seulement 7 % d’étudiants alors que les loyers du privé sont beaucoup plus chers. Le gouvernement a annoncé 40 000 nouvelles places, il va falloir s’assurer que cette promesse soit tenue et que les CROUS disposent des financements nécessaires pour que ces logements sortent de terre d’ici la fin du quinquennat. Le deuxième levier est l’amélioration des bourses. Depuis deux ans, l’investissement de 200 millions d’euros a amélioré la situation de 160 000 étudiants boursiers. Mais il y a plus de trois millions d’étudiants. Il faut poursuivre l’effort principalement en direction des étudiants qui sont à la marge du système de bourse et des boursiers les plus défavorisés dont la bourse n’est même pas à la hauteur du RSA.
Propos recueillis par Ph. M. pour « Fenêtres sur Cours » et pour la FSU