A l’occasion du 70ème anniversaire de la libération d’Auschwitz, nous avons interviewé Benoît Falaize, Professeur à l’Université de Cergy-Pontoise.
Le 27 janvier, nous avons commémoré le 70ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz. C’est important pour l’école ?
C’est parfois un problème de soumettre l’école aux commérorations, car c’est le politique ou l’institutionnel qui dicte le choix. Je ne suis cependant jamais tout à fait hostile à ces moments car cela permet à ceux qui veulent s’en saisir de parler du sujet avec leurs élèves. À condition cependant, de bien rappeler que l’on est face à une commémoration. Cela ne dispense pas de faire cours.
Comment en parler dans les classes ?
Il faut d’abord éviter l’écueil de l’émotion, faire attention aux images, aux contenus que l’on peut montrer, car certains peuvent être difficiles pour les jeunes enfants. Il ne faut pas se lancer sans préparation.
Il est parfois plus intéressant de travailler sur le pourquoi on commémore, avec l’aide de la presse notamment: il peut y avoir notamment des questions sur les sujets qui ne font pas l’objet d’une commémoration (assez peu en fait). Ceci dit, il faut faire attention à la « concurrence mémorielle », qui peut être contre-productive
Le ministère a lancé une série de mesures pour une mobilisation autour des « valeurs de la république » : c’est important ?
L’école doit s’interroger en profondeur, non seulement sur les programmes, mais sur ses pratiques : il faut accepter de regarder lucidement ce qui n’a pas fonctionné. Ce n’est pas l’école qui a produit les attentats, mais il y a bien quelque chose qui n’a pas marché et que ne fonctionne pas vraiment dans la transmission des valeurs. On ne les transmettra pas en faisant du catéchisme, mais par des mises en situation, des jeux de rôle, des pratiques innovantes. Les valeurs de la république ne se décrètent pas ! Mais il y a urgence.