Les oeuvres monumentales de Guillaume Bottazzi sont installées dans le domaine public ou privé, dans le monde entier. L’artiste invite cet été à un voyage poétique à travers ses interventions dans dix villes en France.

Quel est votre parcours?

Je suis né à Lyon et, à l’âge de 17 ans, je suis parti à Florence pour me former à la peinture. Revenu en France, j’ai été lauréat d’un concours, qui m’a permis d’avoir un atelier attribué par la DRAC, mais j’ai préféré aller vivre dans le sud de la France. Dans les années 2000, j’ai vécu à New-York où ma peinture, très colorée, fut présentée dans une galerie de Soho puis, en 2004, je suis allé en résidence au Japon. Ce séjour a révolutionné mon esthétique, m’a incité à être  plus minutieux, moins coloré. On m’a demandé de créer au coeur de Tokyo, une oeuvre abstraite monumentale de 100 m2. En 2011 j’ai eu la chance d’être  exposé au musée international d’art Miyanomori. Le musée m’a également commandé une peinture qui habille toutes ses façades, c’est la plus grande peinture du Japon. Les entrées de cette exposition personnelle ont participé à soutenir les victimes du tremblement de terre et du tsunami.

Vous avez en effet signé près de 100 oeuvres dans l’espace public. Pourquoi cet attrait pour la commande publique?

J’ai reçu de nombreuses commandes publiques, en Asie, aux États-Unis et en Europe, et à Paris- La Défense, une peinture de plus de 200 m2 composées de  six tableaux de six mètres sur six. À Bruxelles, c’est un tableau de seize mètres de haut dans le quartier européen. Mes interventions, abstraites et de très grandes dimensions, visent à changer l’apparence de notre environnement, à apporter poésie et apaisement. J’invite à voyager et à rêver avec mes oeuvres. Elles accompagnent le passant dans sa vie de tous les jours et chacun la réinvente en fonction de son humeur et des saisons. Eric Kandel, Prix Nobel de physiologie, a expliqué l’effet de l’art abstrait sur le cerveau humain qui, plus que l’art figuratif, permet de forcer l’activité, déclenche l’envie de se poser des questions. Je pense que mes oeuvres font du bien par leurs formes circulaires et leurs couleurs chaudes. Les neuroscientifiques Helmut Leder et Marcos
Nadal de l’Université de Vienne ont montré que mes oeuvres tendent à réduire l’anxiété et à favoriser l’activité de dopamine.

Vous travaillez souvent avec les enfants, comment cela se passe?

En Auvergne, en Bourgogne, à Lyon, La Ciotat, Nice, Blanzy, Bruxelles, j’aime travailler avec les enfants. Au musée Aomori j’ai voulu faire ça à la française, j’ai demandé à rencontrer toutes les écoles. Je n’impose pas ma vision aux professeurs, on voit ensemble ce qu’il est possible d’imaginer. Généralement on me demande de peindre avec les enfants, c’est intéressant. Je viens d’écrire un livre (éditions Jourdan) qui explique les mouvements de l’art moderne et  contemporain aux enfants de 7 à 12 ans.

Vous avez conçu une fresque pour une résidence étudiante à Montreuil.

Il s’agit d’un bâtiment neuf, avec un hall cathédrale d’environ 5 mètres de haut. Mes oeuvres, visibles de l’extérieur, soulignent la verticalité de l’architecture et vont permettre aux étudiants de renforcer leur fierté d’appartenance au lieu. Cela les sensibilisera aussi à l’art dans leur quotidien. Il s’agit d’un polyptique composé de cinq panneaux de verre, réalisé avec des émaux. Il épouse le lieu, le marque. J’ai essayé d’intervenir pour que les étudiants se nourrissent de
quelque chose qui leur apporte un peu d’étrangeté, de la surprise.

Qu’est ce qui a inspiré votre projet dans les Hauts-de-France?

C’est la nature. L’oeuvre jouxte le jardin Mallet Stevens qui entoure la villa Callois, une architecture classée, et je trouvais intéressant de faire un lien avec le végétal qui l’entoure. Ce sera très coloré, avec des teintes qui nous ramènent à la nature. L’oeuvre sera visible du jardin et depuis un restaurant ouvert au public.

Cet été vous proposez une promenade poétique de vos oeuvres dans dix villes en France…

J’aimerais inviter les promeneurs à découvrir quelques-unes de mes oeuvres in situ. Il y en a une dizaine en France. Outre le récent polyptique de deux mètres de haut qui illumine l’entrée cathédrale de la nouvelle résidence étudiante Georges Méliès à Montreuil, j’invite à vivre une expérience sensorielle. Les émaux sur verre surdimensionnés, les tableaux géants, les fresques, les oeuvres rétroéclairées sont à voir à Paris et en Ile-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes, à Lyon, Villeurbanne et Clermont-Ferrand, et dans le sud, à Marseille, Martigues et Mandelieu, tout près de Nice.

Interview issue de la revue POUR n°232, mai 2021; à lire ici!