Juliette Rousseau, porte-parole de la Coalition Climat 21 revient, dans une interview accordée à l’US MAG (le journal du SNES-FSU), sur les enjeux de la mobilisation à l’occasion de la conférence mondiale pour le climat qui se déroule à Paris (COP 21).


Quels sont les enjeux des mobilisations citoyennes sur la question du climat ?

Les gouvernements ont jusqu’à présent échoué à s’entendre sur un accord qui soit à la hauteur des défis de la crise climatique. De nombreuses organisations ont donc décidé de se réunir pour lancer une dynamique forte de mobilisations à l’occasion de la COP 21 à Paris. Face à l’inertie des décideurs, elles ont fait le choix de s’organiser pour amplifier le mouvement pour la justice climatique, pour que ce mouvement ne soit pas celui d’un seul Sommet mais bien celui par lequel le changement nécessaire s’imposera durablement pour sortir la planète du chaos climatique.

Vous êtes porte-parole de la Coalition Climat 21. Comment se construisent les convergences avec des partenaires aussi divers ?

Cette coalition regroupe plus de 130 organisations et mouvements : des syndicats, des ONG environnementalistes et de solidarité internationale, des mouvements sociaux, féministes, des groupes de foi ou de jeunesse.
Chaque organisation a sa propre histoire et ses propres revendications. Les 130 organisations de la Coalition ne sont pas d’accord sur tout, mais elles sont rassemblées autour d’une conviction forte : la certitude que la crise climatique nous concerne toutes et tous, qu’elle affecte déjà les plus démuni-es d’entre nous et qu’elle menace ce que nous avons de plus cher : notre environnement, nos vies et les saisons qui les rythment. Comme l’indique l’un des slogans de notre Coalition « Si on ne fait rien, personne ne le fera à notre place ».

En raison des tragiques attentats du 13 novembre dernier, la Marche mondiale pour le climat du 29 novembre et les mobilisations prévues le 12 décembre sont interdites à Paris. Que reste-t-il des mobilisations citoyennes ?

Nous avons évidemment conscience de la gravité de la situation après ces odieux attentats. Mais nous avons regretté qu’aucune alternative n’ait été trouvée pour permettre à nos mobilisations d’être maintenues. Le deuil national, les questions de sécurité ne doivent pas empêcher les discussions sur le climat. Et nous sommes plus que jamais déterminé-es à faire entendre nos voix sur les questions de justice climatique. Car réduire la conférence aux négociations officielles serait une défaite pour le débat démocratique. Nous le disons très clairement : il ne peut pas y avoir de COP21 sans mobilisation de la société civile. Le monde que nous avons toujours défendu est celui de la lutte contre les dérèglements climatiques, mais aussi celui de la paix, de la justice, de la lutte contre les inégalités.
Dès l’annonce des interdictions des deux temps forts à Paris, la Coalition s’est réunie pour trouver les moyens de mobiliser et de rassembler malgré tout les citoyens dans la capitale. Cela nous a demandé de gros efforts de créativité pour trouver des formes alternatives de mobilisation citoyenne le 29 novembre et le 12 décembre à Paris, pour montrer que la COP 21 ne se fera pas uniquement avec les négociateurs.
Pour autant, tout ne se joue pas à Paris. Des millions de personnes marcheront pour la justice climatique lors du week-end des 28 et 29 novembre dans les grandes villes de France et du monde : 2173 événements se préparent dans plus de 150 pays, 57 marches sont prévues dans le monde entier et plusieurs dizaines de marches auront lieu dans les régions de France.
Le Sommet citoyen pour le climat qui se tiendra les 5 et 6 décembre à Montreuil (en Seine Saint-Denis) ainsi que la Zone d’Action pour le Climat, qui se déroulera du 7 au 11 décembre au CENT-QUATRE à Paris ont par ailleurs été maintenus. Ce sera là deux grandes occasions de démontrer que nous portons les solutions et les alternatives au dérèglement climatique et que la société civile est déterminée à lutter contre la crise climatique.
Enfin, la COP 21 n’est pas une fin en soi : les citoyennes et citoyens du monde entier sont déterminé-es à construire un mouvement qui ne fera que se renforcer à l’issue de du sommet de Paris et au-delà.